15 mai 2002

Drakkar a Reykjavik

L’Islande serait-il le paradis de l’écologie ?

C’est avec cette vision optimiste et, certes un peu naïve que V et moi-même atterrissons sur le sol nu de cette île perdue, glaciale, humide et venteuse lors d’une belle journée de mai, sous un ciel bleu et un soleil étincelant.

Un premier indice nous fut fourni dans l’avion où nos gosiers, un peu secs, furent abondamment arrosés d’une eau islandaise délicieuse et fraîche. Nous apprendrons quelques jours plus tard que cette dernière est naturelle et que toute forme de pollution y est définitivement absente.

Cependant, quelque chose nous frappe dans le bus circulant de Keflavik, où se trouve l’aéroport international, à Reykjavik, capitale du pays. En effet, point d’arbre, pas d’arbuste, uniquement des sols érodés et des champs de lave pétrifiés colonisés par une mousse grisâtre et fréquente en Islande le rhacomitrium.

L’Islande possèderait donc quelques problèmes écologiques ?

Un pluvier doré annonciateur, en Islande, du retour des beaux jours fut le premier témoin des interrogations qui nous traversèrent l’esprit en cette première soirée islandaise.

Soirée qui d’ailleurs tarde à débuter puisque sous ces latitudes proches du cercle polaire arctique et pendant l’été, le soleil brille timidement pendant vingt à vingt-quatre heures par jours. Il faut se faire une raison et les muses qui inspireront ce récit ne naîtront nullement de la contemplation d’un beau ciel étoilé.

Si mon corps a traversé l’Atlantique, mon esprit reste étrangement dérouté. Depuis quelques heures, nous jouissons d’une vue spectaculaire sur la zone péri-urbaine de Reykjavik –somme toute assez plate- les montagnes environnantes ainsi que la vue d’avion nous l’indiquent bien : cette terre a quelque chose, quelque chose qui nous ramène, non pas à nos origines mais plutôt à l’origine de nos origines : la Terre, ses entrailles, ses vomissements basaltiques, ses éternuements scoriques. Nul doute que les lichens et les oiseaux se rient de ces éléments primitifs. L’islandais doit, lui, les prendre en compte car tout porte à croire que l’hostilité géologique a imprégné l’homme d’ici d’une crainte mêlée de respect.

Il est inutile, en effet, de préciser que la plupart des islandais sont fatalistes et philosophes face à un si violent environnement. Les alentours des volcans sont souvent exploités pour fournir de l’énergie électrique grâce à la géothermie dont ils sont, à juste titre, les spécialistes. Cependant, ils demeurent conscients de la terrible puissance de la Terre qui peut tout emporter, et à tout moment


Pluvier doré