07 juillet 2002 (suite)

Le parc national de la jökùlsa


Parfois, le stop fonctionne à merveille en Islande.
Alors qu’à 15h00 nous nous fossilisions sur le banc de touche du stade de Husavik nous voilà, à 15H01, dans un véhicule tout terrain en compagnie d’un sympathique islandais ayant répondu positivement à l’appel de notre pouce, tendu depuis 12 secondes environ. Pendant le trajet, nous répondons à ses questions mais demeurons évasifs, concis, distraits, sans doute, par la douce musique qui émanait du poste radio où Pink Floyd donnait un concert.

A grands coups de bless (au revoir en islandais), nous descendons de la voiture, surpris par la taille du village dans lequel nous nous trouvons. Une ferme, deux maisons dont une qui abrite le musée aux fossiles, objet de notre venue dans cet endroit perdu.

La dame qui tient le musée, et qui l’a ouvert pour nous puisque nous sommes seuls,
est très gentille et nous offre une feuille de papier, en Français s’il vous plaît, résumant
le pourquoi de la renommée de cette péninsule de Tjornes concernant les fossiles datant
du tertiaire.
Nous la questionnons sur les endroits où nous pourrions observer ces vestiges du temps
jadis, très rare en Islande car la majorité du territoire est constitué de basaltes datant
du quaternaire. Elle nous recommande une ballade.
Inutile de s’y rendre ni de planter notre tente ici à cause du brouillard extrêmement
épais. On apprend également que les fossiles sont très faciles à trouver au niveau de
falaises de 100 m de haut qui longent la côte de cette péninsule. La médiocrité de
notre matériel d’escalade (ongles, marteau, lacets) ne nous permet pas d’affronter
avec sérénité de telles épreuves, on laisse donc tomber.

De retour sur le bord de la route, une voiture sort du brouillard et s’arrête à peine
le pouce levé pour nous conduire 50 km plus loin à Asbyrgi le long d’une
côte magnifique. Arrivés à l’entrée du parc national de la Jökùlsa, nous nous
éloignons du camping pour planter la tente à l’abri du vent froid puisqu’au pied
d’une imposante falaise. Je fais cuire un peu de riz pendant que V se rend
au supermarché mener une enquête de type « prix du Kiwikaka ». Il revient
m’annoncer trois informations fondamentales :
- De nombreux Courlis Corlieu virevoltent en peu partout autour de nous dès
qu’on se rapproche un peu de Asbyrgi.
- La caissière du supermarché est rousse et très mignonne.
- Le cours du Kiwikaka reste stable, d’ailleurs il en a un dans la poche.

Après le repas, on décide de retourner au supermarché car je veux constater de visu
le physique de cette jeune caissière. Effectivement, V a un goût sûr car elle a un
charme indéniable. Peu après notre arrivée, celle-ci introduit dans une chaîne un
disque de Sigur Ross propageant entre les rayons leur musique électro islandaise
planante. Puis c’est la fermeture du magasin et nous partons faire une petite promenade dans Asbyrgi
qui n’est pas une ville à proprement parler mais un site comprenant une forêt
de bouleaux tortueux encaissée au pied d’une haute falaise dont la caractéristique
principale réside dans le fait qu‘elle possède la forme d’un fer à cheval. Une légende
islandaise stipule à ce sujet que c’est le cheval du dieu Odin qui aurait laissé son
empreinte sur le sol.
La ballade est sympathique malgré un puissant vent d’est qui nous empêcha
à plusieurs reprises d’avancer à vive allure et d’allumer des clopes. Nous
grimpons cette falaise à la forme si particulière et attendons, longtemps, au sommet que le brouillard se lève
afin d’admirer dans les meilleures conditions la beauté du paysage. Celui-ci restera bien en place et nous ne verrons rien de ce qui nous semble pourtant être un point de vue exceptionnel.
Une lecture minutieuse de la montre de V nous indique qu’il est deux heures du
matin, ce qui expliquerait notre état de fatigue avancé. L’appel du duvet se fait
pressant et irrésistible, nous nous dirigeons vers la tente pour une nuit, on l’espère, réparatrice.