19 juillet 2002
Cette journée débute par deux pieds. Le premier, c’est le pied de se réveiller au milieu des icebergs toujours aussi magnifiques. Le second, c’est le pied que j’ai dû mettre dans la tête de V pour qu’il quitte les bras de Morphée.
Les sacs lourds de regrets, nous quittons ce paysage merveilleux pour le Parc National de Skaftafell plus à l’ouest. Mais à l‘ouest rien de nouveau.
En effet, le parc est plein de touristes et d’enfants dont certains arboraient avec fierté des tee-shirts Iron Maiden, groupe périmé depuis 1913.
Après un petit déjeuner à base d’œufs et de pain achetés dans un supermarché affichant des tarifs excessifs, nous nous dirigeons vers le centre d’information du parc, pour y découvrir les itinéraires proposés, les relevés floristiques et faunistiques locaux, ainsi qu’un échantillonnage des différents minéraux trouvés dans les montagnes environnantes.
C’est à proximité de ce site que se produisit une des éruptions les plus spectaculaires de notre défunt XXème siècle. Le Bradarbunga était un volcan grondant sous une couche de glace de 450 m d’épaisseur au nord ouest du Vatnajökull. Lorsqu’il entra en éruption en 1996, la chaleur du magma fit fondre des tonnes de glace et l’eau de fonte se déversa dans un lac sous glaciaire (Grimsvötn). Quand cette cuvette fut pleine, elle déborda. Au sud de Skaftafell, une multitude de petites rivières forment une immense plaine alluviale inhabitée: Skeidararsandur. Toute l’eau issue du Grimsvötn y déferla charriant avec elle des icebergs de plus de 200 tonnes, de la boue et des gigantesques rochers. La route numéro 1 fut entièrement détruite et les ruisseaux de la plaine alluviale eurent un débit maximum de 45 000 m3/s, ce qui équivaut à la moitié de celui de l’Amazone. Ce phénomène très impressionnant s’appelle Lahar ou Jökulhlaups en islandais.
On part alors visiter le parc qui se révèle assez petit et plein de touristes, hélas hideux. On trouve sur la route le prunellier, espèce héliophile (amoureuse du soleil) aux jolies fleurs violettes. Arrivés à Svartifoss, notre 833ème cascade islandaise, je fume une clope pendant que V, fidèle à lui-même, cherche des fougères sur les parois en orgue basaltique d’une régularité étonnante bordant cette cascade haute d’une vingtaine de mètres environ.
Après cela, nous dirigeons nos pas vers une langue du Vatnajökull qui longe le parc à l’est.
On se pose quelques instants devant cet embryon de fjord recouvert d’une glace blanche, bleu, noire et crevassée puis on décide de descendre un peu vers cette langue sur une pente de gravier plongeant vers une des petites rivières formant la plaine alluviale évoquée plus haut.
Oh, mais c’est un lit de Rhacomitrium dont nos sacrums sont si friands. Nos deux objectifs de la journée étant atteints en 30 mn (nous avons évité d’escalader le point culminant de l’Islande, 2119 m, situé non loin du parc), on s’accorde une petite sieste de deux heures pour s’éveiller, c’est la seconde fois de la journée, devant la glace du Vatnajökull.
Les décors nous semblent alors plus beaux que jamais : montagnes enneigées, langues glaciaires, prairies de fleurs jaunes et violettes, multitudes de petites cascades et puis cette immense plaine grisâtre traversée par pléthore de ruisseaux issus de ce gigantesque glacier dont la blanche pureté n’a de cesse d’éblouir nos faciès sales et ahuris. Sur le chemin du retour V dégote une nouvelle orchidée : la Listère à feuilles ovales.
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