24 juillet 2002 (suite)
C’est V ! Nous remontons et admirons le temps d’une clope le panorama, puis nous repartons au milieu des fumerolles et des odeurs de soufre jusqu’à un plateau, croisant roches multicolores, mares bouillonnantes et petits lacs laiteux pleins d’une eau bleue et brûlante. Le soir commence à tomber avec la pluie quand nous accédons au plateau coiffé d’un grand champ d’obsidienne. Les pierres sont rutilantes, noires métallisées et reflètent une lumière qui varie au fur et à mesure que nous avançons. On prélève quelques échantillons en s’extasiant devant ces énormes blocs opaques et brillants. Le temps est variable puisque quelques rayons de soleil couchant ponctuent timidement de longues averses. Le vent quant à lui, souffle fort. Plus nous montons en altitude plus nous croisons de névés, désagréables à traverser depuis que nos chaussures, comme Jamet, ne sont plus étanches. Le décor prend progressivement des tons moins colorés, du noir luisant de l’obsidienne au blanc de la neige tacheté de temps en temps par le jaune vif du soufre élémentaire ou par de petits tapis d’une végétation poussant difficilement au milieu des rochers.
C’est alors, q’un peu fatigué, nous arrivons au premier refuge situé dans un col. Analysons la situation :
Nous avons accompli la première étape de la randonnée (13 km), le brouillard s’installe et la visibilité diminue comme une peau de chagrin, le vent souffle de plus en plus fort.
Le refuge est plein de touristes et il faut payer ne serait-ce que pour y boire un café à l’abri. Nous restons donc dehors avec le vent et le froid piquant. Après un café, nous décidons de faire à partir de ce refuge un détour afin d’observer des cavernes de glace. Deux kilomètres dans la neige plus loin, nous parvenons à une pente neigeuse, en bas, il y a de la glace.
Transits de froid, nous arrivons soudain dans un champ de chaudes fumerolles qui ont creusé au niveau d’une immense falaise de glace des grottes énormes. Tout autour des ruisseaux d’eau tiède, une végétation essentiellement constituée de mousses donne un peu de couleur à ce monumental décor. La rencontre entre la glace et la chaleur de ce milieu géothermiquement très actif a forgé ici un fragile paysage qui menace de s’effondrer à tout moment, la fonte de la glace étant continue tout comme l’expulsion par de petits trous jaunâtres dans le sol d’une épaisse et malodorante fumée.
V m’annonce, à ce moment là, que c’est dans ce genre de milieu qu’il a trouvé la fougère langue de serpent au début de la randonnée. On en cherche alors d’autres, mais le brouillard s’épaissit dangereusement et nous devons retrouver le chemin jusqu’au refuge où nos sacs nous attendent pour la suite de l’aventure. Remonter la pente de glace est très difficile et nous glissons très souvent. On suit très attentivement les piquets blancs qui nous ramènerons sains et saufs jusqu’au refuge. La technique employée est la suivante : nous marchons rapidement jusqu’à un piquet, cherchons quelques minutes le suivant et fonçons dessus, etc. On reste cependant prudent car si nous nous perdons sur ce plateau sans tente ni nourriture, on peut vraiment passer une nuit super merdique.
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