30 juin 2002
La première initiative d’une journée réussie consiste en un rituel : un solide café précédé (ou suivi) d’une bonne tige. Sauf que là il est 13 heures et que notre fainéantise a fortement raccourci cette dernière journée de juin.
Nous décidons de visiter aujourd’hui une usine de traitement de diatomite située à quelques kilomètres des rives du lac de Myvatn. Le temps est magnifique si ce n’est qu’un vent malin souffle fort et avec une déroutante constance ralentissant considérablement notre marche.
Dans les eaux pures du lac Myvatn résident de petites algues (les diatomées) recouvertes d’un exosquelette siliceux. Lorsque ces dernières décèdent ce squelette se dépose au fond du lac pour former par accumulation pendant des siècles une épaisse couche sédimentaire (diatomite) exploitable industriellement et exportée vers de nombreux pays.
Nous marchons le long d’un tuyau ombilical nourricier qui plonge dans le lac et draine vers l’usine ce sédiment à une vitesse qui excède celle avec laquelle il se forme. Ainsi, le lac devient de plus en plus profond et les canards plongeurs qui y trouvent leur nourriture s’en voit délester. Ils quittent donc Myvatn pourtant zone protégée et considérée par de nombreux ornithologues comme l’un des sites de nidification de canards parmi les plus importants au monde.
En effet, dans ce milieu aquatique de 200 km2, peuvent être observés 44 espèces d’oiseaux, mais les populations de canards plongeurs diminuent de façon régulière et alarmante (principalement la Macreuse noire, l’Harelde de Miquelon et le fuligule milouinan).
Trente minutes de marche plus tard nous arrivons à l’usine de traitement de diatomite. Ce bâtiment, gros et laid, pourfendeur de benthos* ne semble abriter aucune vie humaine. On prend quelques photos et recherchons du personnel susceptible de nous éclairer quant aux nombreuses utilisations de ce sédiment, à l’impact réel de cette exploitation sur l’avifaune et les solutions envisagées par la direction pour mettre fin aux discussions qui enveniment les relations entre écologistes et industriels islandais depuis moult années.
Personne ne viendra et aucune réponse à ces questions fondamentales ne trouvera d’écho en ce milieu d’après-midi.
A la suite de cet échec nous nous dirigeons vers Namafjall, site témoin de l’intense activité tellurique de l’Islande.
L’Islande, apparue il y a environ 27 millions d’années, ne cesse, depuis, de se transformer en raison d’une activité volcanique constante. En effet, elle constitue une partie émergente de la chaîne de volcans ou rift qui s’étend de l’Antarctique à l’Arctique au milieu de l’océan Atlantique. Celle-ci est responsable de la séparation des plaques américaines et eurasiennes. A l’activité de cette dorsale, longue de plus de 30 000 km, s’ajoute celle d’un point chaud dont le centre est situé au sud-est de l’île.
Un point chaud se caractérise par une remontée magmatique qui perfore les plaques. En raison de la dérive de ces dernières, le point chaud se manifeste par un collier d’îles (ex : Hawaï).
Deux formations géologiques sont induites, en Islande, par cette situation exceptionnelle :
Des plateaux basaltiques du tertiaire, situés à l’Est et au Nord-Ouest du pays, où l’on peut trouver des dépôts sédimentaires et des fossiles.
Un graben médian, zone très active, calqué le long d’un axe Sud-Ouest, Nord-Est et correspondant au rift. C’est ici qu’on rencontre les terrains les plus jeunes et une activité géothermique intense en Islande dans ces zones à haute température sur lesquels régnent en maître les volcans et où éruptions et tremblements de terre se produisent fréquemment.
Namafjall est une de ces zones, peut-être la plus spectaculaire avec Geysir.
Guidé par l’odeur du soufre et par la fumée s’échappant de partout sur les flancs rouges, roses, oranges et jaunes de cette superbe montagne pelée, nous parvenons enfin au milieu d’un paysage ressemblant à ce que les hommes, jadis, croyaient être une des entrées de l’enfer.
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