13 juillet 2002
Bon, on a décidé de rester. Levé tardif, clopes, puis lecture de Don Quichotte pour V et du temps pour moi. Le ciel est toujours gris, avec des bourrasques de vent froid et de la pluie. On est mouillé mais est-il vraiment nécessaire de le préciser ?
Vers 15 H, on décide d’une sortie. Nous achetons 500g de pain pour deux, ce qui sera notre repas pour la journée. L’arboretum, proche de notre campement, nous permet de constater que le mélèze n’est pas la seule espèce replantée. Nous contemplons, ravis mais moisis, les 90 essences dont la résistance est ici testée. De petits panneaux latino-islandais nous dévoilent leurs noms, origines et caractéristiques. Nous errons à travers les troncs et enquêtons, feuille à la main et eau dans les groles.
Le mélèze, dont la principale espèce est originaire de Sibérie, préfère les climats continentaux mais est capable de pousser sous des conditions plus maritimes ; de plus, il tolère les sols érodés. Il est cultivé en Islande depuis 1951. Le principal pin cultivé provient du nord-ouest des Etats-Unis et possède la capacité de pousser sur des sols pauvres. Il est cultivé en Islande depuis 50 ans. Le peuplier est également une espèce du continent nord américain, il grandit rapidement et résiste bien aux conditions climatiques rigoureuses. Il existe par ailleurs toute une gamme d’épicéas cultivée ici et d’origines variées : Etats-Unis, Canada, Eurasie. Chacune d’entre elles possède ses propriétés de croissance si bien que quelles que soient les variations climatiques et topographiques au sein de l’Islande, il y aura toujours une espèce d’épicéa susceptible de croître. A toutes ces espèces il faut ajouter quelques variétés d’aulnes et de bouleaux.
Des Islandais font un barbecue dans une petite aire de pique-nique sans se soucier le moins du monde des aléas climatiques. Ca sent trop bon, on tourne autour d’eux mais ils ne nous invitent pas alors on bifurque vers des falaises. Nous découvrons de petites gorges assez jolies avec une flore caractéristique, pas très originale mais qui change un peu des lupins, renoncules et géraniums des milieux forestiers. La ballade nous permet de se remettre un peu en jambe et de ne pas se laisser abattre par le temps minable qui nous accompagne avec fidélité depuis plus d’une semaine. De retour à la tente, on cuisine un peu de riz avec une soupe pour fêter deux événements. D’abord, nous sommes le 13 juillet et ce soir, en France, tout le monde danse au son de grandes musiques (Bézu, la Compagnie Créole) au milieu des feux d’artifices.
En plus, c’est notre cinquantième nuit sous la tente. D’ailleurs, parlons-en de cette foutue tente. Elle a complètement perdu en imperméabilité, ce qui nous autorise à penser que cette nuit sera comme moult autres avant elle complètement merdique, peut-être agrémentée d’une belote, d’un scrabble ou d’une partie d’échec endiablée, lecture puis dormir, le plus possible afin d’échapper l’espace de quelques heures à cet enfer mouillé dans lequel voici deux mois que nous nous sommes implantés.
Les trois neurones de V vont, pour la dernière fois, vous parler de la forêt. Elle est pénible car malgré son éternelle beauté et sa rassurante protection contre vents et trombes d’eau, elle est bien peu variée en Islande. Le dépaysement nous comble plus. Nous demeurons cependant conscients que pour les Islandais, une grande forêt, c’est exceptionnel et rare. Il faut les comprendre, ils n’ont pas les Landes à côté. Mais il me tarde de retrouver volcans, steppes et glaciers. Le soleil manque à mon hypophyse, bonne nuit.
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