01 aout 2002

Le voilà, ce redouté mois d’août qui verra se terminé nos aventures au pays du jour estival éternel. Les mots d’ordre aujourd’hui sont : se laver et s’informer. V, matinal, prospecte les couloirs de l’office de tourisme, vides car ce festival n’accueille pour ainsi dire pas d’étranger. Au sein d’une petite vallée de l’île d’Heimaey (île principale des îles Vestmann), les préparatifs pour la fête ont débuté. Des avions en provenance de Reykjavik passent toutes les deux minutes au-dessus de nos têtes, déversant un impressionnant flot d’adolescents, ceux là même qui n’avaient pas eu de place dans le ferry.
Je décide de me rendre à la piscine pour un décrassage dit «des 20 jours». Les piscines, en Islande, c’est une institution. L’entrée est au prix abordable de 200 couronnes et à l’intérieur il y a sauna, solarium, douches, bassins d’eau chauffée par la géothermie, eau froide, eau tiède et j’en passe et des meilleures.
Je fais ma toilette, me baigne, me rase et introduit mon corps neuf dans une salopette trouée mais propre. Sur le chemin du retour, j’assiste à un match de football féminin.
En Islande, comme dans la majeure partie des pays scandinaves, l’homme et la femme ont exactement les mêmes droits. L’Islande fut, d’ailleurs le premier pays à avoir à sa tête une femme. Il s’agit de Vigdis Finnbogadottir qui fut élue en 1980 et réélue à trois reprises.
En tout cas, la presse écrite et les journaux télé annoncent les résultats sportifs des femmes et des hommes avec la même importance, que ce soit pour le foot, le volley ou le patinage sur iceberg.
V s’est lavé dans l’océan et sent bon le capelan. Nous mettons nos ponchos, bonnets agrémentés de plumes d’oies et c’est avec cette allure de sud américain (qui surprendra pas mal de festivaliers) que nous dirigeons nos pas confiants et eastwoodiens vers la vallée réceptrice de l’orgie.
On se pose en hauteur et en observateur. Il y a beaucoup de monde et certaines filles sont vraiment superbes. Les générations se mêlent avec bonhomie et tous les âges sont représentés. Le décor ressemble à s’y méprendre à celui d’une fête foraine. L’ambiance est bon enfant et nous décidons de migrer vers un groupe de jeunes titubants positionnés sur une place stratégique : les toilettes des filles. Ce fut un chois judicieux car 5 mn plus tard, nous étions entourés d’une multitude d’Islandais ivres et sympathiques. C’est une véritable torture pour nous de n’avoir rien à boire et même si les Islandais partagent volontiers leurs boissons, il en faut plus afin de ressentir l’ivresse nécessaire à une fusion parfaite avec ces joyeux drilles.
Nous sympathisons avec un jeune garçon que l’on surnommera inspecteur Harry à cause de ses lunettes de soleil années 70. La suite de la soirée se déroule près du stade de foot où se réunissent un grand nombre de gens sous l’emprise d’un alcool que nous n’avons pas. En Islande, l’alcool ne peut être vendu que par des magasins d’état spécialisés ou par des bars et restaurants. On en trouve pas en supermarché, c’est pourquoi les Islandais, prévoyants ont tout acheté en avance à Reykjavik. Tout le monde chante, danse et s’amuse. Nous, nous rodons à la recherche d’aventures tels Don Quichotte et son écuyer Sancho Panza. On croise l’inspecteur et sa blonde de copine qui allumée va tenter de séduire V à maintes reprises. Nous conversons longuement avec une femme flic d'Akureyri qui, elle-même parlait avec un ancien détenu qu’elle a mis six fois en prison. Ils rigolaient et trinquaient ensembles, ce qui est admirable, insolite et relativement inhabituel sous nos latitudes.
Une fille assez mignonne croisée sur le bateau s’aguichait de votre humble narrateur et néanmoins ami au cours d’une discussion pendant laquelle la demoiselle en question
approchait dangereusement ses lèvres des miennes. Son petit ami, passant par là, la tira brutalement par le pantalon et à l’aide d’un baiser bucco-buccal marquait son territoire ainsi que ma fuite vers de nouvelles rencontres.
Elles furent nombreuses ce soir là et les Islandaises anti-farouches et savoureuses provoquèrent moult remous dans nos cœurs assoiffés de tendresse.
Nous continuâmes à roder deux trois heures puis lassés par les :
« Where you come from?
Frakkland!
Ah interesting, do you like the festival?
yes, takk fyrir »
nous rentrons à la tente.