04 juillet 2002 (suite)


orchidée racine de corail


J’ai l’impression de devenir fou. Mais que m’arrive t’il. Equisetum, alpina, urva-ursi et j’en passe des genres et des espèces. Pendant que Blaise fait cuire des merguez en haut des volcans, moi je me cuisine des salades. C’est le plus vieux tango du monde que j’effectue en ce jour avec ma feuille couverte de 77 noms en latin.

Au niveau des zones humides (près du lac), on trouve principalement, en se mouillant les chausses, la benoîte des ruisseaux (Geum rivale) et le trèfle d’eau (Menyanthes trifoliata) avec sa pilositum blanchâtre.

La végétation colonisatrice des sols est très importante puisque ce sont les premières fleurs à repousser sur les champs de lave récents. Composées par le silène uniflorum et la dryas octopetala, ces espèces aiment à pousser dans les milieux rocailleux et improbables. Le silène acaule forme de petites touffes roses si nombreuses en Islande qu’il est presque sacrilège pour un touriste étranger de ne pas en ramener au moins une photo.

Mais ma nouvelle passion, c’est la collection d’orchidarium. Dans une insoupçonnable prairie qui, à première vue n’offrait qu’un intérêt botanique faible j’ai déniché la belle orchidée racine de corail que j’ai immédiatement immortalisé.

De plus, mon soucis constant d’améliorer nos repas m’a conduit à attendre 37 minutes devant un Fragaria vesca en fleur dans l’espoir utopique que de rouges et succulents fraises apparaissent, peine perdue d’avance.

C’est en me baladant dans une de ces landes à bruyère peuplée de pluviers que la découverte d’une cousine de la Pedicularis flammea que Blaise avait rencontré sur les pentes du Krafla me plongea dans un trouble certain. Il s’agit de la Rhinantus minor dont les fruits ronds et plats servent de monnaie factice aux jeunes islandais.

D’autres espèces dites ubiquistes poussent partout et ne semblent pas avoir de préférence de substrat. Citons pour exemple l’Alchenille vulgaire prononcez «pied de lion » en français aussi commun qu’une feuille morte en automne et l’achillée millefeuille qui, comme son nom ne l’indique pas, n’a pas milles feuilles mais qui, en tisane, soigne les mauls de ventre.
Voilà pour un après midi bien rempli. J’adore passer des heures dans mon herbier et dans ma flore, mais comme sans le latin la messe nous emmerde, je vous dis Bonnum noctus…. Voilà que ça me reprend, mais que ce fut bon.



trefle d´eau