14 juillet 2002
Vers 13 heures, un chaud rayon de soleil transperce la toile de la tente. On ne mange rien car la farine pure ce n’est pas délicieux.
L’humble Thor Thorfinnson nous attend, et après avoir dévoré un paquet de Superstar (genre de biscuits secs fourrés au chocolat), on le trouve chez lui (surprenant ?). Il comble l’abîme de notre ignorance par des réponses claires à nos interrogations, sans détours et le tout avec le sourire. L’entretien est agréable et nous dévoile plus clairement la stratégie islandaise de reboisement.
L’organisation Héradsskogar s’occupe des plantations, de l’entretient, de la gestion et de l’exploitation de ces bois. Elle est soutenue financièrement par le gouvernement. Ce dernier subventionne également des fermiers forestiers pour la mise en place de clôtures et le contrôle du broutage. Enfin, la troisième structure impliquée dans le reboisement est associative. Dans ce cas, le financement provient de dons et d’entreprises et tous les membres sont bénévoles. Les objectifs des différentes organisations et associations sont les mêmes, mais leurs rapports restent mystérieusement minimes.
Dans un premier temps, le choix des zones à replanter se fait selon des considérations climatiques, altitudinales, récréatives et anti-érosives. Les plantations se font l’été (de juin à septembre), mais plus on va vers l’automne, plus les chances de survie des jeunes arbres sont faibles. Puis, année après année, centimètre après centimètre, la forêt prend forme. Elle est alors menacée par les rennes, fameux brouteurs de jeunes plants. De petits troncs bousillés observés lors de la promenade d’hier témoignent de cet appétit peu modéré. Tous les hivers, les arbres sont élagués, ce qui entretient la forêt. Cela a aussi pour objectif de produire un bois de meilleure qualité car nous voyons bien en nous promenant que les arbres ne sont pas plantés que pour l’esthétisme paysager. Le mélèze sert à faire des clôtures, le bouleau du bois de chauffage et les bois de qualité inférieure sont utilisés en horticulture ou pour améliorer les chemins de randonnées.
Il s’avère au final que le reboisement est lent et qu’au rythme actuel, dans 60 ans, l’Islande passera de 1% de surface boisée à 2%.
Après cette entrevue dans le jardin de Thor, sous un timide mais rassurant soleil, nous reprenons la route en stop. Elle est effectuée en deux fois et dans deux véhicules différents mais toujours peuplés d’Islandais gentils et bienveillants.
De retour à Egilstadir, on cherche un coin pour planter Jamet. Sur le trajet, j’aperçois des cèpes que mon instinct, forgé en Dordogne, me pousse à ramasser. Mais Blaise souligne leur importance dans un pays où il est rare de trouver des organismes dégradant la matière organique. Son bon sens prend le dessus sur mon appétit et j’obtempère, déçu, mais cependant convaincu qu’il a raison. Ces évènements commencent à nous regonfler le moral et on se dit que ces trois foutues journée passées sous la pluie et dans les bois sont bel et bien derrière. La seule constante, c’est bien sur le riz, car cinquantième et unième nuit sous la tente ou pas, c’est toujours riz.
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