07 juillet 2002
Ce dernier organise les whale watching dont le premier eut lieu à Höfn en 1992 et fut sponsorisé par la Whale and dolphin conservation society car, pour eux, cette alternative «écologiste » à la chasse aux cétacés symbolise l’exploitation de la nature de façon positive. Sortez trompettes et cymbales car c’est une phrase qui envoie.
Depuis 1995 le nombre de touristes augmente proportionnellement avec le nombre de tour opérateur pratiquant le Whale Watching. Aujourd’hui, il en existe 12 disséminés dans tout le pays. Ceux d’Husavik, de Olafsvik et de Reykjavik sont censés être les plus côtés.
A l’entrée du centre, il est possible de voir une statue taille réelle du grand pingouin. Les derniers représentant de cette espèce ont été éradiqués en 1844 en Islande.
Et c’est alors que je m’imaginais courant nu dans la toundra avec ces pingouins que furent présentés à mes yeux effarés un film et plusieurs sanglantes photographies de ce que fut, jadis, la pêche à la baleine.
Cette triste page de l’histoire humaine bientôt, je l’espère définitivement tournée, débute il y a fort longtemps. Au début, le matériel de pêche assez rudimentaire ne permettait pas aux pêcheurs de tuer autre chose que des dauphins, marsouins et petits rorquals. Il était très difficile, à l’époque, de s’attaquer aux plus imposantes créatures marines car elles sont grosses, pugnaces et facilement irritables, surtout lorsque des types en chaloupe, leur perçaient la peau avec de petits harpons.
Il était important, voire vital, cependant, pour les Islandais de prélever à l’océan quelques unes de ces baleines afin d’assurer à toute leur communauté de quoi survivre pendant les hivers particulièrement rigoureux. Grâce aux baleines, ils évitaient la disette et les régimes forcés de plusieurs mois. Il est bon de signaler qu’à cette époque, le Kiwikaka n’avait pas encore été inventé.
Parallèlement à ces prélèvement peu importants, dans un pays lointain vivaient des basques qui péchaient jusqu’au XIIème siècle la baleine de Biscaye. Quand, sur leur côte il n’y eut plus de baleines ou presque, ils se rendirent en Islande.
Au XIXème siècle, les Islandais, toujours dans leur chaloupe, virent d’immenses bateaux étrangers arriver pour chasser les baleines dont ils avaient besoin. Il s’agissait de Français, d’Allemands, de Norvégiens, d’Allemands, d’Américains et surtout d’Allemands.
C’est à peu près à cette époque que furent construites les premières stations de massacre baleinier par les Norvégiens. Après quelques années et des populations de cétacés sans cesse décroissantes, les Norvégiens trouvaient plus très rentables de rester en Islande. Ils partirent donc plus au Nord laissant aux islandais toutes les infrastructures nécessaires à la poursuite du génocide.
En 1915, les Islandais décident de pêcher seuls dans leurs eaux territoriales parce qu’il n’y avait presque plus de baleines. La right whale par exemple disparue, totalement, et nos enfants n’en verrons vraisemblablement jamais.
Cette année là, 17000 baleines furent assassinées en Islande par cette communauté internationale.
Rappelez-vous, en mai, nous déjeunions à Hvalfjordur avec de sympathiques Islandais dans une usine désaffectée. Dans les années quarante, on y tuait 300 à 400 baleines par an. Les photos le confirment et il est effroyable de voir cet endroit, aujourd’hui rouillé, flambant neuf et souillé de litres de sang, de tripes et de carcasses de cétacés.
Au cours des sixties, une loi sort et stipule qu’il est désormais interdit de pêcher en Islande certaines espèces de baleine comme la baleine bleue par exemple. Aujourd’hui, les populations sont stables (2000 environ) mais faibles. Il était temps.
En 1998, Greenpeace fait pression sur la Communauté baleinière internationale (CBI) et provoque, aux Etats-Unis, le boycott des poissons islandais. Ceci aboutit à l’interdiction totale de la pêche à la baleine car une part énorme de l’économie islandaise reposant sur l’exportation de poissons, ils ne pouvaient se permettre d’ignorer l’influence de cette campagne de communication menée efficacement par Greenpeace. Les Japonais et les Norvégiens pêchent encore des baleines mais ils pratiquent une pêche scientifique, dégueulasse certes mais scientifique. C’est à dire que quelques animaux sont tués pour effectuée des prélèvements sanguins et analyser l’ADN de certaines espèces de baleines.
Les Islandais ont perdu beaucoup d’argent quand la chasse à la baleine fut interdite, mais ce qui les dérangeait le plus, c’était leur indépendance acquise tardivement qui était, par cette loi, remise en question. Ils voudraient, en effet, gérer leurs eaux territoriales comme ils le souhaitent.
Des arguments sont lancés pêle-mêle par les pêcheurs qui considèrent les baleines comme des concurrents déloyaux puisque les petits rorquals pour ne citer qu’eux dévorent chaque année plusieurs dizaines de milliers de tonnes de morues et qu’en Islande, la morue, c’est sacré.
L’icelandic marine research institute (IMRI) estime quant à elle que l’Islande pourraient prélever 200 petits rorquals sans influence importante sur les populations qui ne cessent d’augmenter.
Le sujet est sensible et lorsque nous l’abordons en soutenant bien entendu la protection des mammifères marins, on nous renvoie automatiquement à nos ours des Pyrénées ou au loup exterminé en France sans que l’Islande ni la communauté internationale n’interviennent.
Pour faire court, les représentant des pêcheurs d’Islande nous invitent à nous occuper de nos affaires avant de faire la morale aux Islandais qui, majoritairement, souhaiteraient que soit repris cette exploitation.
Sachez, pour finir, que ce court séjour à Husavik avec ses baleines et ses jolies serveuses m’auront laissé un beau souvenir. D’autant plus qu’il fut ponctué d’un foot au stade et d’un repas semi-pantagruélique là où Gui Roux, Karembeu et Alicart se succédèrent, c’est à dire un banc de touche, à l’abri des intempéries nombreuses et usantes en ce début de juillet.
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