22 juin 2002

Église luthérienne d´Holmavik


Le soleil de minuit n’est pas directement observable de l’auberge de jeunesse d’Holmavik où nous nous trouvons pour cause de montagnes éloignées à l’ouest et bouchant la vue sur l’horizon. Cependant, les effets du phénomène sont bien visibles. Trois heures du matin et même luminosité qu’à 16 heures. Le soleil refuse de se coucher perturbant ainsi nos cerveaux encore habitués aux rythmes nycthéméraux de nos latitudes.
Non obstant, il est fort agréable de se prélasser dans le confort d’un lit à la fois mou et chaud même si cet écart intolérable selon les us et coutumes des chevaliers errants nous sera sans doute pardonner par Don Quichotte.
Le petit déjeuner fut copieux et nos ventres n’eurent le temps de s’aplanir. Vers 15 heures, nous quittons ce nid douillet pour retrouver sur du basalte encore tiède de quoi macérer davantage nos fragiles colonnes vertébrales.
Cette journée sera placée sous le signe du phoque qui, contrairement au renard polaire, continue à se jouer de nos globes pourtant oculaires. Les Islandais que nous interrogeons semblent surpris car le phoque est partout mais il nous évite cependant. Parfois, on en trouve en ville pour boire des bières. Souvent il y en a sur la plage en face de nous qui, au passage, s’appelle Selströnd (ce qui signifie plage des phoques). Quelque fois ils sont en mer pour se délecter de colins en compagnie de cap’tain igloo. Des fois ici, parfois par-là, bref il semble que ces animaux soient partout et nulle part. On nous conseille de nous rendre sur la côte ouest de la péninsule de Vatnsnes où résiderait une importante colonie. Un bus y va demain, on fonce. Si le phoque ne vient pas à nous … vous connaissez la suite.
Le reste de la journée sera placé sous le signe du rien, ah, si quelques plantes ont commencé à fleurir dont la Mertensia maritima et la Pinguicula vulgaris, seule plante carnivore d’Islande. V reste ébahis devant pistils et sépales puis va à l’église luthérienne pour jouer du piano. Pendant ce temps, la religieuse de Diderot, que V lit en alternance avec le Cervantes, commet entre mes mains le pécher d’adultère puisque les deux tomes de l’ami Quichotte ne contenait plus une seule page susceptible de tarir mon insatiable soif de lecture. Il fait beau et bon. Le temps passe tranquillement aux rythmes d’étincelantes parties d’échec. Nous plantons la tente dans une petite forêt surplombant la ville. On est caché, heureux, on mange, on lit dans le calme et la rassurante quiétude des petites bourgades islandaises. Enfin, on tente de dormir sous une luminosité de je ne sais combien de lux.


Mertensia Maritima