30 juin 2002 (suite)
On quitte, une heure plus tard cet endroit puant et cauchemardesque pour accomplir courageusement les 7 km qui mènent au Krafla, volcan très actif dont les nombreuses éruptions au XVIIIéme siècle et dans les années 70 ont laissé la terre nue et désolée.
Autour de nous il n’y a que fumée chaude et humide, volcans plus ou moins hauts et des champs de lave noirs comme de l’ébène.
Pris en stop au bout de 3 km, nous arrivons au lac Viti situé dans un des nombreux cratères du Krafla.
« Ce volcan linéaire (ou fissural) a surgit lors d’éruptions alignées le long d’une fissure et il trône, majestueux, au milieu d’une zone infernale et très active, dont les manifestations les plus spectaculaires se trouvent au niveau de Namafjall. »
En contrebas, est construite une immense usine de géothermie dont les tuyaux zèbrent, jusqu’à la prochaine éruption, tout un flanc du volcan afin de dénicher, en profondeur et grâce à des points de forage, la chaleur naturelle de la terre et des eaux pour la transformer, par la magie de l’industrie, en électricité.
Sur le sentier escarpé qui mène au sommet, je découvre une superbe fleur, la Pedicularis flammea qui ne pousse que sur les flancs volcans.
Ce site est assez touristique en général mais il se fait tard et nous sommes seuls. Il y a de plus en plus de vent tandis que nous continuons notre ascension et s’il n’y a pas, en Islande, de grande différence de luminosité entre le jour et la nuit, il y en a au niveau de la température. Tout ça pour dire que le froid, la fatigue et le ton peu enjoué de notre environnement géologique immédiat nous font craindre la vingtaine de kilomètres du retour vers Reykjahlid.
Arrivés au sommet, on est nase et il ne nous reste qu’à peine assez d’énergie pour contempler la vue et prendre quelques judicieuses photographies. Du haut de nos 818 m, nous admirons les fissures fumantes et profondes alignées dans l’axe du rift et les coulées de lave jeune (très sombres et dépourvues de la moindre fleur) recouvrant les plus anciennes qu’une végétation constituée de mousse, de silènes uniflores et de petits arbres (saules et bouleaux nains) commence à recoloniser.
Ici, nous ressentons tous les deux la terrible puissance de notre planète. Le krafla et ses environs, c’est une énorme cocotte-minute prête à exploser. Les Islandais se sont rués sur cette énergie pour produire le maximum d’électricité avant que tout ne soit détruit, mais, réalistes et philosophes, ils n’essaieront pas (le peuvent-ils de toutes façons) de sauver les meubles lorsque la maison se mettra à brûler.
Le retour, qui s’annonçait long et sordide, fur rapide et agréable puisque nous fûmes séparément pris en stop par des touristes.
Rentrés à la Jamet (c’est l’affectueux prénom que nous donnerons désormais à la tente), je découvre une petite ptéridophyte très belle répondant au joli nom de botryche lunaire ainsi qu’une plante suffisamment rare pour être protégée en Islande : L’Herbe Paris.
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