16 juillet 2002

Nous continuons aujourd’hui notre parcours jusqu’à une ville clone, donc très belle, de la précédente et qui se nomme Breidalsvik. Nous resterons ici cette nuit, en attendant demain le bus pour Höfn. Pendant que Blaise lit le guide des oiseaux d’Islande de Michel Breuil, je prospecte les environs afin de trouver un endroit digne d’accueillir les sardines de Jamet. Deux possibilités s’offrent à moi, et après un rapport militaire énoncé au sapeur Blaise, nous optons pour un lit de rochers bien dissimulé mais à l’humus pauvre.
Une fois le camp monté et pendant que Blaise cuisine, je décide de construire un mur afin de casser le petit vent présent. Après trente minutes de labeur, j’évalue la solidité de mon édifice comparable à celle des pyramides de Kheops et Khephren réunies. Le repas se déroule à l’abri du mur, mais soudain un pli de ma goretex frôle mon monument et voilà qu’une averse de pierres s’abat sur moi. Heureusement, Blaise joue parfaitement de ses dix doigts pour détourner cet orage de mon dos malheureux.
Les murs, ça semble facile à faire mais c’est très technique. Super maçon le dit lui même, il faut prendre des pierres ni trop grandes, ni trop petites, c’est le secret.
Traumatisé par cet échec, je construis un édifice moins dangereux. Celui-ci formant un cœur dans lequel est inscrit : «Fjord de l’est ». Le départ de demain vers la côte sud cristallise en moi un sentiment de mélancolie, sentiment partagé par Blaise à en juger son regard évasif.
Demain, nous longerons les derniers fjords que nous verrons en Islande pour nous plonger petit pied, œil clos vers la côte sud du pays afin d’y admirer de plus près le gigantesque Vatnajökull, ou Vatna pour les gens cools.